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Les photographies de Vik Muniz nous apparaissent comme les créations d’un prestidigitateur ou d’un virtuose, dont les manipulations semblent à première vue ne pas s’apparenter à la photographie. Travaillant à partir de matériaux incongrus – fil à coudre, confiture, chocolat, ketchup, poussière, jouets, pigment, etc – choisis pour leur rapport à l’image qu’ils dépeignent, Vik Muniz reconstruit des images issues de l’histoire de l’art ou des médias, que notre mémoire visuelle aura collectées et qui ressembleront toujours au souvenir que nous en avons. Ces images sont ensuite photographiées afin de renoncer aux originaux dont elles sont issues, et ainsi nous placer face à une représentation illusoire, créée de toute pièce : depuis les paysages en fil à coudre reprenant les peintures les plus connues du XIXe siècle aux images fétiches de Warhol en chocolat en passant par les images en diamants et caviar des séries « Diamond Divas » et « Caviar Monsters ».
Pour sa première exposition personnelle à la galerie Xippas Arte Contemporaneo située à Montevideo, Vik Muniz présentera seize photographies qui embrassent les aspects paradigmatiques des vingt dernières années de sa production.
Une des salles se concentrera autour de sept œuvres basées sur les peintures de Picasso : cinq provenant de la série des Pigments Pictures (2007) et deux de la série des Gordian Puzzles (2009). Les images en pigments recréent les portraits en utilisant la poudre de pigment qui sert à la fabrication des peintures à l’huile et acrylique. Les deux œuvres en puzzles prennent pour modèles deux œuvres emblématiques de Picasso que sont « Guernica » et « Les Demoiselles d’Avignon », cette dernière étant une référence pour l’histoire de l’art et l’emblème de la naissance du mouvement cubiste en particulier.
Une deuxième salle proposera un ensemble de neuf œuvres représentatives de huit séries différentes allant d’un couple de photographies de la série « Equivalent : Cloud Pictures » (1993) basée sur les expérimentations photographiques d’Alfred Stieglitz sur les nuages et que Muniz interprète à l’aide de coton ; une vue majestueuse du « Botafogo y del Pan de Azucar » de Rio de Janeiro construite par le biais des petits morceaux de papiers superposés (Pictures of Paper, 2009), une œuvre de la série des Pictures of Pigment à partir d’une peinture de Mark Rothko, et également des exemples spécifiques des séries Diamond Divas (Romi Scheider, 2004), Pictures of Chocolate (Catedral of Leon reposant sur les recherches impressionnistes de Monet), et une œuvre monumentale formée à partir de déchets provenant de la série Pictures of Junk intitulée « Icarus, after Titian ».
Le processus de création de Vik Muniz lui permet avec légèreté et ironie de dévoiler de multiples facettes : à la fois peintre, sculpture, photographe et théoricien. Les œuvres de Vik Muniz offrent une image à la fois séduisante et ambiguë, questionnant surtout les modes de perception. L’artiste nous amène à douter, par le questionnement constant de notre habilité à observer et à comprendre : « la vision est surtout une forme d’intelligence et la reconnaissance ou l’indentification sont un genre de confort ». Ainsi, l’œuvre de Vik Muniz dans son rapport au familier, nous permet d’accéder à un arrière-plan qui va au-delà du processus d’identification.
