Vik Muniz – Erotica
Vik Muniz
Erotica
27.10.01 → 12.12.01
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Les photographies de Vik Muniz nous apparaissent comme celles d’un prestidigitateur de moyens ou d’un virtuose, dont les manipulations semblent à première vue ne pas s’apparenter à la photographie. Ainsi travaillant à partir de matériaux rudimentaires et éphémères, choisis pour leur rapport à l’image qu’ils dépeignent, Vik Muniz reconstruit des images que notre mémoire visuelle aura collectées et qui ressembleront toujours au souvenir que nous en avons.
Ces images sont ensuite photographiées afin de renoncer aux originaux dont elles sont issues, et ainsi nous laisser face à une représentation illusoire, créée de toutes pièces: depuis les paysages en fil à coudre reprenant les peintures les plus connues du XIXe siècle, les images fétiches de Warhol en chocolat présentées lors de sa dernière exposition à la Galerie Xippas, la série des “Pictures of Dust” présentée au Whitney Museum, jusqu’à la série des “Pictures of Color” et des “Pictures of Air” de la Biennale de Venise.
Pour sa seconde exposition à la Galerie Xippas, Vik Muniz présente un ensemble de onze photographies, représentations d’images pornographiques collectées sur le net. Le médium, la pâte à modeler, qui semblerait à première vue inadéquate, dépeint cependant la sexualité dans sa réalité la plus crue et la plus provocante. Les couleurs de ces “peintures en relief” sont celles de la chair. La représentation est réaliste, et sans détour, parfois obscène. La pâte à modeler est malaxée, étreinte tout comme les corps qu’elle figure.
En effet, les photographies que Vik Muniz en a faites ne censurent rien. Elles restituent le geste mécanique et parfois laborieux de l’artiste. Les empreintes digitales et les accidents de leur réalisation nous renvoient sans cesse au plaisir charnel. Elles nous dévoilent la virtuosité et la maîtrise de l’artiste face aux médiums, car ces photographies bien que terriblement présentes de par l’imagerie réduite et violente qu’elles figurent, offrent un contact direct avec la matière. Elles incitent le spectateur à se déplacer dans l’espace pour en faire une autre lecture. Ainsi le contact presque physique avec l’empreinte des doigts de l’artiste permet d’inscrire une distance dans la représentation formelle et de découvrir ainsi d’autres images et d’autres récits, comme des paysages ou une cartographie…
Cette série de photographies se distingue en cela des séries précédentes qu’elle fait la mise au point de manière très nette sur la matière picturale et n’offre ainsi aucune ambiguïté sur la nature du médium.
Ainsi, tout en renforçant notre sentiment de familiarité aux choses, Vik Muniz “trompe l’œil” et encourage notre capacité à regarder les choses et à les analyser: ”la vision est avant tout une forme d’intelligence et la reconnaissance ou l’identification une sorte de confort”. Ses images nous confortent dans ce sentiment de familiarité, mais nous rendent surtout capables d’en renverser le processus d’identification.